
Voile : Yoann Richomme, un skipper au parcours sportif exceptionnel
Le skipper challenger de la Route du Rhum
Tout au long de la Route du Rhum 2018, bSmart vous propose de monter à bord du bateau de Yoann Richomme. Agé de 35 ans, ce skipper exceptionnel soutenu par Brother France nous dévoile les grandes étapes de son parcours sportif en course à la voile en solitaire. Interview pied à terre avant de prendre le large !
bSmart : comment êtes-vous entré dans la course au large en solitaire ?
Yoann Richomme : « Je suis entré dans la course à la voile en solitaire par l’architecture navale. Rien ne me prédestinait à devenir coureur au large. C’est au cours de ma formation que j’ai accroché avec la compétition de voile et que j’ai rejoint ensuite ce circuit. Je devais suivre des études informatiques à Southampton en Angleterre. Deux jours après le début des cours, je rencontre une personne qui me persuade de rentrer dans l’Architecture navale. Cette idée me trottait dans la tête depuis quelques temps et puis cette orientation initiale ne me convenait pas. Aussi j’ai saisi la balle au bond et j’ai changé de cap en optant pour 3 années d’études en architecture navale ».
C’est pendant vos études que vous avez monté un premier projet de course à la voile en équipe ?
Yoann Richomme : « C’est la même personne qui m’a dit « J’ai fait le Tour de France à la voile, c’était génial, on devrait faire ça ». Nous nous sommes tapés dans la main pour aller faire le Tour de France à la voile 4 années de suite ! Pour cela, nous avons monté une équipe au sein de l’école, et embarqué 8 nationalités différentes à bord du bateau : c’était une aventure inoubliable ! Cette expérience m’a vraiment donné le goût de la navigation au large. De plus, la mise en place du projet, la responsabilité de skipper, le démarchage et les relations auprès de partenaires sont d’autres facettes qui m’ont encouragé à suivre ce cap. Aujourd’hui je suis dans la continuité de cette phase-là ».

Comment s’est passée la transition entre les études d’architecture navale et la course à la voile en tant que professionnel ?
Yoann Richomme : « En sortant de l’école, j’ai eu quelques expériences en architecture navale et me suis décidé rapidement à devenir coureur à temps plein. J’ai rencontré Nicolas Lunven en 2007, qui est par la suite devenu un grand skipper. Il allait faire sa première Solitaire du Figaro et cherchait un préparateur technique. J’ai levé la main : « Moi je veux bien y aller, ça m’intéresse ». C’est comme cela que j’ai découvert la Solitaire du Figaro. Cette expérience m'a marqué, seulement je n’avais pas le niveau technique suffisant pour y participer de façon compétitive. J’ai ainsi passé 3 ans à améliorer mon niveau avant de faire la Solitaire du Figaro en 2010. Je suis allé naviguer en Méditerranée, en Angleterre et un peu partout en Europe pour améliorer mon niveau. Si je n’ai jamais travaillé sur une très longue période en tant qu’architecte naval, ces compétences m’ont toujours servi, notamment pour le projet Route du Rhum ».
Quel a été le déclic qui vous a fait sortir de cette étape d’entraînement intensif ?
Yoann Richomme : « Je me suis décidé en 2010. Je ne voulais pas me réveiller à 50 ans sans avoir fait la Solitaire du Figaro. J’ai voulu la faire une première fois et tant pis si je me prenais les pieds dans le tapis. Tant pis si le résultat n’était pas au rendez-vous. Mais au moins je l’aurais fait. J’y suis allé dans cet état d’esprit. Et ça n’a pas vraiment fonctionné. Je me suis accroché cependant. Grâce à mon premier partenaire, DLBC, qui m’a accompagné pendant 4 ans, j’ai pu monter en niveau : la première année j’ai terminé 19ème et la 4ème année, je suis arrivé 4ème sur la Solitaire du Figaro. En tout, j’ai fait 8 transatlantiques dont plusieurs transats Jacques Vabre. Après la saison 2010-2013, j’ai gagné la sélection Skipper MACIF qui permet d’avoir un budget complet sur 3 ans. J’ai encore amélioré mes résultats jusqu’à gagner l’épreuve en 2016. Aujourd’hui cela fait 8 ans que je suis entré dans le circuit professionnel et ma spécialité est la Course au large en solitaire ».
Quelles sont les différentes catégories de voiliers présents sur la ligne de départ ?
Yoann Richomme : « Sur cette course, il y a 6 catégories de bateaux. Les plus gros sont des trimarans de 30 mètres de long, au nombre de 6 sur la ligne de départ. Ensuite il y a les Imocas. Ce sont les bateaux du Vendée Globe, longs de 18m de long. Ils sont au nombre de 20 sur la Route du Rhum 2018. Puis il y a des « petits » trimarans de 15 mètres de long, au nombre de 6. Et il y a les Classe Rhum, en multi ou en mono qui sont des classes « amateur ». La « grosse » catégorie de voiliers sur la régate, ce sont les Class40 dont je fais partie. Nous serons 53 voiliers de cette classe sur la ligne de départ. C’est très rare d’avoir autant de bateaux d’une même catégorie au départ d’une course. Ce sont des bateaux de 12 m de long et de 4,50 mètres de large. Les règles de construction de ces voiliers étant très strictes, nous courons quasiment tous sur des bateaux équivalents ».
Pour cette course à la voile en solitaire, vous avez fait construire un voilier flambant neuf ?
Yoann Richomme : « Le niveau va être très serré. Ça va être une belle bagarre ! Aussi j’ai lancé la construction d’un bateau neuf en début d’année afin de réaliser cette course de la manière la plus compétitive possible. Après 6 mois de construction, c’était le meilleur moyen d’aller chercher une victoire. Au mois de mars le bateau était encore en kit, assemblé par une super équipe dans un chantier de Lorient. Et nous avons réussi à mettre le bateau à l’eau, en juin ».
Au moment où nous publierons ces lignes, vous serez en pleine régate. Toute l’équipe de bSmart et de Brother France vous souhaitent une belle traversée !
Yoann Richomme : « Je suis heureux de vous accueillir à bord et de vous faire vivre cette course à la voile à mes côtés ».