Robotique et intelligence artificielle

Robotique : une opportunité pour les petites entreprises

Autrefois réservée au secteur industriel, la robotique fait peu à peu son entrée dans les petites entreprises. Trois PME nous expliquent le bienfondé de cet investissement et l'impact sur la productivité.

Le secteur industriel utilise les robots depuis des dizaines d’années : la publicité de la Fiat Strada diffusée en 1979 montre, par exemple, les énormes machines industrielles fabriquant les automobiles de A à Z, avec Les Noces de Figaro en fond sonore. Aujourd’hui, de nombreux autres secteurs prennent conscience des avantages de l’automatisation : dans ce contexte, les petites entreprises commencent à adopter cette technologie.

Josh Valman est le fondateur de RPD International, une société qui permet aux entreprises d’utiliser sa chaîne d’approvisionnement intelligente pour fabriquer tous types de produits de manière économique et rapide. Les start-up font, par exemple, appel à RPD pour fabriquer de petits lots de produits, tandis que les grandes structures s’appuient sur sa ligne de production agile pour créer des prototypes.

« Les grandes entreprises comme Unilever peuvent produire des dizaines de milliers d’unités par jour, mais pour un client donné, nous pouvons produire, par exemple,10 000 unités au total », explique M. Valman. « En d’autres termes, nous devons nous appuyer sur une chaîne d’approvisionnement capable de prendre en charge différents types de tâches, mais sans avoir à changer de site de production ou à acheter de nouveaux équipements onéreux ».

Fondée il y a trois ans, la société utilise aujourd’hui la robotique pour proposer un service flexible. M.Valman explique : « Avec les bras robotiques, nous pouvons faire plein de choses différentes. Si vous fabriquez uniquement 10 000 unités, vous ne pourrez jamais rentabiliser vos 460 000 € d’équipements robotiques. Mais si vous produisez plusieurs lots de 10 000 unités, vos investissements seront déjà plus rentables ».

Il ajoute que les robots sont très utiles pour gérer les tâches répétitives et laborieuses : « Pour un produit fabriqué en 10 couleurs, avec différents branchements et différentes langues, il suffit d’utiliser les robots pour choisir la couleur, le type de prise secteur et la langue de la notice du produit fabriqué. La robotique est très efficace pour la gestion des combinaisons ». 

Amazon l’a bien compris : dans ses entrepôts, le géant de l’e-commerce utilise 45 000 robots pour récupérer et emballer les produits achetés par les consommateurs.

La montée en puissance des « cobots »

Dans les petites entreprises, les robots ne sont pas près de remplacer les collaborateurs. En effet, la robotique en entreprise s’inscrit principalement dans une démarche collaborative entre les employés et les robots, ou « cobots ».

Si les robots sont de plus en plus sophistiqués, ils sont encore moins performants que les humains dans certains domaines, par exemple la dextérité. Dans ce contexte, ils sont utilisés en parallèle aux collaborateurs pour les aider dans leurs tâches. Le modèle Baxter, créé par Rethink Robotics, entres autres, est doté d’une paire de bras robotiques et d’un écran LED en guise de visage. Cette machine est conçue pour garantir la sécurité des ouvriers : elle détecte la présence des personnes à proximité, ce qui évite le risque d’accident. Baxter peut également apprendre de nouveaux mouvements : il suffit de manipuler ses « mains » pour lui enseigner des gestes. Rethink Robotics a ensuite lancé Sawyer, une version plus avancée de Baxter.

Son concurrent ABB est également présent sur le marché, avec son robot sans tête YuMi. Ce modèle est populaire auprès des petits fabricants en raison de son prix abordable (environ 34 000 €).

Le coût est un facteur clé de l’adoption : dans ce contexte, les fabricants de technologies robotiques proposent des systèmes de paiement innovants pour permettre aux petites entreprises de tirer parti de ces nouveaux équipements. Prenons l’exemple de la startup britannique Automata, qui a développé un bras robotique léger et facile à utiliser : Eva. La fabrication reste économique grâce au logiciel Autocad, ce qui permet à la société de proposer son produit au tarif de 2 600 €. De plus, chaque bras dispose d’une connectivité Internet : Automata peut donc facturer ses clients à l’utilisation.

Penser robotique…

« De nombreux préjugés freinent l’adoption de la robotique : dans ce contexte, nous nous efforçons de changer les mentalités en proposant des options plus abordables », explique Mostafa Elsayed, co-fondateur d’Automata. « Le secteur de la fabrication évolue à une vitesse effrénée. Aujourd’hui, les entreprises se tournent vers les services à la demande, au détriment des investissements à grande échelle. Notre modèle de service permet aux clients de payer uniquement pour les heures où ils utilisent Eva : c’est un système qui rappelle le principe du salaire. Nous sommes convaincus que le secteur de la fabrication de demain reposera sur ces services d’abonnement plus abordables ».

A mesure que les sociétés de robotique produisent des machines, les prix vont continuer à diminuer, ce qui favorisera l’adoption. Selon une enquête de la société de recherche MRRSE(1), le marché de la robotique devrait connaître une croissance de 50 % chaque année jusqu’à 2024, date à laquelle il représentera 15 milliards d'euros.

La société Morgan Innovation & Technology fabrique des produits high-techs pour les nouveaux inventeurs, mais n’utilise pas encore la robotique dans ses installations. Cependant, son directeur technique James Quest est convaincu que la baisse des tarifs, l’amélioration des fonctionnalités et le gain d’efficacité vont motiver l’entreprise à sauter le pas rapidement.

« La robotique propose des technologies et des améliorations prometteuses pour le secteur de la fabrication », explique-t-il. «  À mesure que nous augmentons notre capacité de production, la robotique pourrait nous permettre de réduire les coûts d’assemblage, d’améliorer la qualité et même d’effectuer des inspections précises grâce aux capacités visuelles des machines ».

« Les robots ne désignent pas nécessairement les machines humanoïdes dotées de bras : ils peuvent avoir n’importe quelle forme. Un robot, c’est une machine capable de traiter des séquences de tâches complexes automatiquement, en particulier les tâches programmables par ordinateur ».

La robotique dans l'immobilier 

Rafael Delimata, Directeur de Bow Tie Construction, entreprise dans le secteur du bâtiment, indique « Nous utilisons une technologie de scanner 3D pour collecter les données des bâtiments. En d’autres termes, nous pouvons voir si les murs ne sont pas droits, si les fenêtres sont de travers... Le système crée une image 3D que nous pouvons consulter sur ordinateur, pour ensuite la transformer en modèle 3D »De plus, le robot scanner 3D peut transformer les données collectées en image consultable via des appareils à réalité augmentée, permettant ainsi aux clients de faire une visite virtuelle de leur maison de rêve et d’identifier de potentiels problèmes en amont.

M. Delimata indique que cette technologie onéreuse devrait bientôt être rentabilisée. La société Bow Tie Construction basée à Londres se spécialise dans l’habitat passif (à faible consommation d’énergie). Elle utilise maintenant un robot pour améliorer la précision de ses plans, accélérer le processus de rénovation des habitations et aider ses clients à faire des économies.

Selon M. Delimata, cette technologie onéreuse devrait bientôt être rentabilisée :
« Quand vous faites appel à des professionnels du bâtiment, il n’est pas rare que les projets prennent du retard ou dépassent le budget prévu. C’est particulièrement vrai pour les rénovations, en raison d’un manque d’informations sur le bâtiment concerné. En investissant davantage dans un scan 3D initial et en développant des modèles précis, nous éliminons les problèmes imprévus, ce qui nous permet de terminer les travaux dans les temps et dans le respect du budget »

Vers une révolution robotique ?

Selon M. Valman de la société RPD, la transparence est l’un des principaux vecteurs de la révolution robotique. De plus en plus d’entreprises demandent l’installation de capteurs robotiques pour améliorer leur visibilité en temps réel sur le processus de fabrication.

« Jusqu’à présent, il y avait très peu de communication entre les entreprises et les fabricants, à part pour la négociation des tarifs et l’envoi des produits. Quand vous payez 10 € par article, vous vous dites qu’il s’agit du coût réel du produit. Mais en réalité, il peut très bien y avoir des problèmes dans le processus de fabrication et du gaspillage, ce qui fait que votre article à 10 € devrait en fait vous coûter moins de 2 € »

Un certain nombre de petites entreprises utilisent maintenant ces capteurs pour aider leurs clients à connaître la cadence de production des machines et montrer leur efficacité.

Partout dans le monde, les entreprises prennent conscience des avantages de la robotique et les gouvernements leur emboîtent le pas. Plus tôt cette année, l’Union européenne a proposé un nouveau statut juridique pour les robots, celui de « personne électronique ». Comme avec n’importe quelle technologie émergente, les premiers utilisateurs de la robotique vont se heurter à quelques défis. En revanche, les entreprises réfractaires ou à la traîne risquent de prendre du retard.

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Source
(1) http://www.mrrse.com/cloud-robotics-market

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